1917 : La première grosse claque de 2020

Chaque début d’année démarre avec la saison des Oscars et les films prestigieux qui vont avec. Réalisateur au travail (presque) toujours impeccable, Sam Mendes revient aux affaires avec 1917. Un film de guerre sous forme de pari qui est, pour le coup, plus que réussi.

Sam Mendes est un homme de théâtre. À l’aube des années 2000 il est repéré par un certain Steven Spielberg qui lui permet de réaliser American Beauty. Le film cartonne et ramasse les récompenses les plus prestigieuses, propulsant Mendes dans la A-List des réalisateurs les plus prestigieux. Le bonhomme a enchaîné les films de haute volée, jusqu’à se voir confier deux James Bond, signant au passage ses plus gros succès au box-office. Familier du genre dramatique, Mendes choisit de revenir au film de guerre après Jarhead, cette fois-ci en plongeant dans ses souvenirs, où plutôt ceux de son grand-père durant la première guerre mondiale.

Le film s’ouvre sur deux soldats britanniques, stationnés dans le nord de la France, non loin de la ligne de front. Ils se voient confier une périlleuse mission par l’état-major : porter un message derrière les lignes ennemies dans le but de stopper une attaque qui pourrait se solder par la mort de 1 600 hommes, dont le frère de l’un d’eux. Ils s’engagent alors dans une véritable course contre la montre…

Si Spectre a largement déçu, il aura au moins eu le mérite de donner des idées à Sam Mendes, à savoir étirer le plan séquence inaugural sur tout un long métrage. Un exercice aussi périlleux que stylistique, bien trop souvent utilisé dans le seul but de « c’est trop la classe »… Pourtant le plan-séquence reste un outil de mise en scène puissant qui, entre les mains de maîtres, peut offrir au public un sentiment d’immersion sans précédent. On pense bien-sûr à Alfonso Cuarón avec Les Fils de l’Homme et Gravity ou son compatriote Alejandro González Iñárritu avec Birdman. Avec 1917, le réalisateur britannique leur répond de la plus belle des manières en livrant un classique instantané qui laissera une trace durable dans l’histoire du cinéma et des films de guerre.

L’histoire basique, convoque d’autres grands films du genre. On pense à Il faut sauver le soldat Ryan pour le lien fraternel ou à Dunkerque de Christopher Nolan, pour ce sentiment d’urgence absolue. Sam Mendes couple ces inspirations pour livrer un film à hauteur d’homme, se déroulant presque en temps réel. La bonne idée du cinéaste est d’avoir opté pour deux acteurs encore « verts » pour incarner les personnages principaux. L’attachement du public pour ces soldats dont on ne sait presque rien n’en est que plus fort. Car si techniquement, le film est absolument irréprochable, on pouvait craindre que l’utilisation du plan séquence n’altère l’émotion, or il n’en est rien. Les séquences intimistes frappent aussi fort que les scènes spectaculaires.

Et le spectacle est assurément au rendez-vous. Rien que le savoir-faire technique déployé autour du film a de quoi vous décrocher la mâchoire. Dans un ballet chorégraphié au millimètre, les personnages passent d’un décor à l’autre avec une fluidité impressionnante. Une réussite qui ne tient pas qu’au seul réalisateur et à son casting. Il apparait primordial de saluer le travail de Roger Deakins et celui de Thomas Newman, fidèle compositeur de Sam Mendes et qui livre une OST au diapason de ce qui se passe à l’écran, conférant une passage une plus ample puissance à des scènes clés du film. Un ensemble d’éléments qui fait de 1917 un film événement, demandant au spectateur un engagement de chaque instant dont il ressortira lessivé.

Générique de fin : Pari réussi pour Sam Mendes qui livre avec 1917 un film renversant qui marque déjà l’année de son empreinte. Film de guerre singulier, à la technique renversante, il demande un investissement de tous les instants au spectateur. De quoi se sentir dans les tranchées au côté de ces personnages qui n’en oublient pas d’avoir du cœur au passage. Du grand et beau cinéma comme on voit trop rarement.

Note : 5/5

1917 de Sam Mendes. Avec George MacKay, Dean-Charles Chapman, Colin Firth, Mark Strong, Richard Madden… 1h59.
En salles depuis le 15 janvier.

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